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jeudi 15 janvier 2015

ZOULOU / ZULU (1964) DE CY ENDFIELD - LA CRITIQUE

Rendons à César ce qui appartient à César. Bien que peu connu dans nos contrées, sans doute en raison d'une histoire à l'identité fortement britannique, le western guerrier de Cy Endfield est une oeuvre dont l'influence est colossale. Un petit état des lieux si vous le voulez bien (et même si vous ne voulez pas). Sans ZOULOU, John Carpenter ne serait pas le même, lui qui y a puisé son amour du format scope, des films de siège virils et du travelling opératique. Sans ZOULOU, Peter Jackson n'aurait sans doute pas trouvé l'inspiration idéale pour les monumentales scènes de bataille de sa saga de la Terre du Milieu en général et pour le siège de Helm's Deep en particulier. Sans ZOULOU, il est évident que Paul Verhoeven n'aurait pas su donner la même ampleur et la même efficacité immédiate à l'une des scènes les plus mémorables de son belliqueux STARSHIP TROOPERS, à savoir la défense par une poignée de trouffions d'un minuscule fort menacée par des milliers d'arachnides. Je pourrai continuer encore longtemps mais je me contenterai de citer James Cameron, Steven Spielberg, John McTiernan et Michael Mann parmi les nombreux cinéastes qui, au détour d'une scène ou même simplement d'un plan, n'ont jamais manqué de payer leur tribut à ce classique indéboulonnable. Sacrée liste, n'est-ce pas ? 


A la base de ZOULOU se trouve une incroyable histoire vraie. C'est à la fin du mois de janvier 1879 qu'une centaine de soldats anglais eurent l'incroyable courage de défendre la mission de Rorke's Drift contre 4000 guerriers zoulous galvanisés par leur victoire écrasante quelques heures plus tôt à Isandhlwana (où les Anglais perdirent 1700 hommes !). Malgré leur très large infériorité en nombre, les hommes commandés par les lieutenants John Chard et Gonville Bromhead remportèrent après une résistance acharnée une victoire inespérée. Jamais autant de Victoria Cross, les plus importantes décorations militaires britanniques, ne furent remises en une seule fois. Une telle histoire ne pouvait qu'inspirer un fim un jour où l'autre. Et c'est donc dans les yeux de Cy Endfield, réalisateur et scénariste américain, et Stanley Baker, acteur et producteur gallois, qu'elle a finit par taper. ZOULOU, c'est leur bébé, trait d'union parfait entre le western à l'américaine et le récit d'aventure colonial à l'anglaise. En lieu et place des pistoleros de l'Ouest et des indiens des grandes plaines se trouvent des soldats au flegme typiquement british et la machine de guerre zoulou. 


Si le style d'Endfield, à base de plans larges à la profondeur de champ hypnotisante et à la composition stupéfiante, de travellings d'une élégance folle et d'un sens de la géographie inné, fonctionne si bien c'est essentiellement grâce à un scénario en bêton armé. Si les zoulous n'ont besoin que de quelques minutes d'introduction pour s'imposer comme une force de frappe à la bravoure et à l'unité sans faille, les défenseurs de Rorke's Drift, groupe très disparate malgré leur uniforme commun, vont nécessiter trois bons quart d'heure de métrage pour s'imposer à l'esprit du spectateur. Trois bons quart d'heure pour croquer, détails après détails, de fabuleux individus forcées de s'unir pour survivre, forcées de se battre pour acquérir de la bravoure aux yeux de leurs opposants. Trois bons quart d'heures pour faire monter la sauce et créer du suspense également. Une mécanique narrative qui s'acharne à annoncer un desastre, un massacre impie aux yeux d'un prédicateur suédois pacifiste et porté sur la bouteille et de sa fille coincée. Et lorsque la bataille éclate enfin, elle ne déçoit pas. Le spectacle, riche en morceaux de bravoure, a fière allure dans un scope flamboyant et aux accents du score martial de John Barry.
ZOULOU est l'un des chefs d'oeuvres définitifs du cinéma d'aventure, à la modernité insolente malgré son demi-siècle d'existence déjà dépassé. Omettre de le voir et se prétendre cinéphile serait tout simplement une hérésie. Sir, yes Sir !
Verdict : 6/6.

Alan Wilson
  

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