Blog cinéma d'utilité publique

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mardi 27 janvier 2015

FLASHDANCE (1983) DE ADRIAN LYNE - LA CRITIQUE

Lorsque l'on a des souvenirs émus du cinéma américain des années 80, FLASHDANCE est indispensable. Indispensable ?! What the fuck ???? On se calme (et on boit frais, me suggère t-on) et on réfléchit cinq secondes ... Comment, en effet, faire l'impasse  sur le mélo musical d'Adrian Lyne ? C'est tout simplement impossible ! Pour le pire, mais aussi pour le meilleur, FLASHDANCE est une étape capitale dans l'évolution formelle des aspects les plus commerciaux du cinéma hollywoodien. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit là, ni plus ni moins, de l'acte fondateur de la formule Jerry Bruckheimer (alors en duo avec le regretté Don Simpson). Plus qu'un simple producteur, Jerry Bruckheimer peut être aujourd'hui considéré comme une marque, un style.
Avouons-le, même si l'on est fan, le film paraît incroyablement daté. Et il l'est, c'est évident. Ne serait-ce que par sa musique, ses costumes et son incroyable naïveté vis-à-vis du "rêve américain". Quant au scénario (en partie signé Joe Eszterhas, le papa de BASIC INSTINCT et SHOWGIRLS, ce dernier étant d'ailleurs une relecture hardcore de FLASHDANCE), c'est un repompage éhonté de celui des trois premiers ROCKY, histoire de profiter d'une recette qui a fait ses preuves auprès du public. Bref, sur le fond, c'est culcul, c'est téléphoné et c'est bourré de clichés bien lourdingues. 


C'est sur la forme que FLASHDANCE marque des points et s'inscrit dans l'histoire. Britannique et fils de pub, comme son compatriote Ridley Scott, Adrian Lyne est un esthète talentueux. Découpé, cadré et photographié (dans un bel abus de filtres bleutés et orangés) avec un soin maniaque, FLASHDANCE est une œuvre séduisante, un régal pour les yeux. Enchaînant sans temps morts les numéros dansés, les montages d'entraînements et des instantanés de la vie quotidienne de son héroïne, le film d'Adrian Lyne symbolise la quintessence de ce que l'on appellera très schématiquement par la suite le "cinéma MTV" (du nom de la très populaire chaîne qui diffuse les clips vidéos des groupes à la mode en boucle). Ainsi, avec ses ambiances et ses images léchées, son casting jeune et sexy (et totalement oublié depuis, à l'exception de Jennifer Beals, icône lesbienne de la série THE L WORD)  et son histoire simpliste qui mélange bluette et success story pour mieux ratisser large, FLASHDANCE se révèle n'être qu'un écrin de très grand luxe pour sa bande son (signé Georgio Moroder, entre autres) qui s'écoulera à plus de vingt millions d'exemplaires de par le monde. Un peu à l'image de ces films qui, au début des années 60, mettaient Elvis Presley en scène dans le seul but de faire vendre des albums, mais avec un budget, des ambitions (carrément déplacés mais bien présentes) et une exécution de série A. 


Cette formule, couronnée de succès, Jerry Bruckheimer et Don Simpson se sont par la suite appliqués à la reproduire plus que de raison, révélant au monde du 7ème Art d'autres talents venus de la clip et la publicité, de Tony Scott à Michael Bay, en passant par les nettement moins fréquentables mais foutrement sympathiques Martin Brest (LE FLIC DE BEVERLY HILLS et MIDNIGHT RUN, on oublie le reste ?) et Simon West (LES AILES DE L'ENFER, LE DESHONNEUR D'ELISABETH CAMPBELL). De nos jours, des films (des produits ?) telles que BAD BOYS ou encore PIRATES DES CARAÏBES, bien qu'ils opèrent dans des genres différents, sont issus du même moule et poursuivent les mêmes buts : engranger des centaines de millions de dollars autour d'un "concept" calibré. Revoir FLASHDANCE aujourd'hui, c'est assister, en quelque sorte, à un "Bruckheimer Begins". Artistiquement et commercialement parlant, ce n'est pas rien tout de même !
 
Alan Wilson

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