Blog cinéma d'utilité publique

Blog cinéma d'utilité publique
Obligatoire de 7 à 77 ans

mercredi 14 janvier 2015

CYBORG (1989) D'ALBERT PYUN - LA CRITIQUE

J'espère que vous ne m'en voudrez pas mais j'ai une confession à vous faire. Une confession un peu honteuse, diront même certain. Voilà, j'avoue, CYBORG, ce nanar avec du JCVD dedans, réalisé par le stakhanoviste Albert Pyun pour le compte d'une Cannon Films sérieusement sur le déclin, oui ce "machin là" est l'une de mes plus précieuses madeleines de proust. Mon premier JCVD. Mon premier post-apo (avant Mad Max oui). Mon premier film bis. Quand j'y repense, il s'agit bel et bien là des fondations même du versant le plus déviant de ma cinéphilie. J'avais dix ans et à cet âge là, on a bien de la chance de ne pas encore avoir de goût.



24 ans plus tard, après y avoir si souvent songé, je me suis enfin décidé à revoir le film, la peur au ventre. La peur d'être déçu, d'être forcé de me rendre compte que j'étais tombé en admiration devant une sombre merde. Au diable ! Être cinéphile, ça exige de faire des sacrifices. J'ai donc fouillé les méandres d'Amazon, localisé l'objet du délit et fait chauffer (modérément) la carte bleue.
Donc ? Trêve de suspense, cette petite bande fauchée aligne de sacrées tares. 500 000 dollars de budget, un tournage express d'une vingtaine de jours et un résultat si catastrophiques lors des projections test que le karatéka belge dut reprendre en personne le montage à zéro pour le transformer en actioner lambda mais néanmoins "regardable". En résulte une interprétation générale variant du très mauvais au calamiteux, un montage qui étire et multiplie les flash-backs pour combler les trous, une musique synthétique d'un goût douteux et qui fait souvent saigner des oreilles, sans oublier des décors de cités ravagés très souvent cadrés serrés pour ne pas trop révéler leur pauvreté, et deux malheureux matte paintings périmés en guise d'effets spéciaux.  
Et pourtant. Et pourtant, il est indéniable qu'il se dégage de CYBORG une ambiance de fin du monde assez unique. Quelques ralentis classieux, cette belle idée de donner aux protagonistes des noms de guitares électriques (Fender, Gibson, Pearl) un minimalisme étrangement abstrait et une violence parfois bien gratinée font leur petit effet. Surtout, il s'agit là de l'hommage le plus innatendu et surement totalement involontaire au FIST OF THE NORTHSTAR (oui, KEN LE SURVIVANT) de Buronson et Tetsuo Hara. Même héros taciturne balafré et adepte des arts martiaux, mêmes malabars musclés et vociférants, même fétichisme apocalyptique. Troublant et jouissif. Citons enfin, pour conclure, que le film se fend aussi d'une des scènes de crucifixion les plus iconiques du cinéma. Voir Van Damme sauvagement crucifié au mât d'une épave de bateau perdue sur une terre ferme ravagée, hurlant longuement sa douleur et sa colère, vous me croirez si vous voudrez, mais ça fait son petit effet. 

Verdict : 3/6.    

Alan Wilson

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire