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mardi 13 janvier 2015

LE HOBBIT - LA TRILOGIE IMPOSSIBLE

Ouf ! Voilà, c'est fini. Vous pouvez souffler. Si tout va bien, Peter Jackson en a fini avec la Terre du Milieu, les hobbits, les elfes et les magiciens aussi barbus que des djihadistesLE HOBBIT - LA BATAILLE DES CINQ ARMEES vient mettre un point final à cette deuxième trilogie entamée en 2012 avec UN VOYAGE (vraiment pas) INNATENDU. Une deuxième trilogie bien loin de faire la même unanimité que sa glorieuse aînée. A vrai dire, ce torrent de critiques toutes plus ou moins justifiées, le réalisateur kiwi devait forcément s'y attendre, lui qui a eu la folie de se mettre dans la même position qu'un certain George L. qui, en 1997, donna le premier tour de manivelle de STAR WARS EPISODE I préquelle foirée de vous savez quoi. 


Ces critiques, tâchons de les passer en revue. Trop long avons-nous si souvent entendu hurler. Tirer trois films de presque trois heures d'un bouquin aussi court, c'est juste pour se faire du fric. Drôle de paradoxe, ce reproche est aussi pertinent que stupide. Je m'explique. Oui, sortir trois films est un bon coup commercial qui permet de faire durer le buzz, de fidéliser le public et, in fine, de s'en foutre plein les poches. Battre, ou du moins égaler, les records de recettes de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX à de quoi faire bander n'importe quel studio. Pour autant, quiconque a lu LE HOBBIT ne peut que se rendre à l'évidence, il est impossible d'en tirer un seul film. Trop de personnages principaux, trop d'ellipses, trop de péripéties. Impossible. La première solution, datant de l'époque où Guillermo del Toro devait réaliser l'adaptation, est de diviser l'histoire en deux films. C'était une bonne idée, la meilleure même. La première moitié devait se terminer après l'évasion du royaume des elfes en tonneaux et la seconde se concentrer sur le dragon Smaug et la bataille des Cinq Armées. Un grand film d'aventures suivi d'un grand drame guerrier. Le yin et le yang. L'assurance, surtout, de ne pas tenter de se mesurer à la première trilogie, un effort courageux mais vain. Dommage, Peter Jackson, trop gourmand pour son propre bien, a choisi le courage et la vanité. La raison de cette nouvelle trilogie ? Le combat de Gandalf le Gris et du Conseil Blanc contre le mystérieux Nécromancien de Dol Guldur qui n'est autre que (roulements de tambours inutiles) Sauron rescussité. Une intrigue inutile, sans le moindre suspense. Franchement, on aurait pu s'en passer. Que Gandalf disparaisse d'un pan de l'histoire n'aurait choquer personne puisqu'il n'en est pas le personnage principal. C'est la principale faiblesse de cette nouvelle trilogie. L'ambition louable de développer l'univers de la Terre du Milieu tourne au fan service laborieux. 

La grande difficulté d'adaption du Hobbit résidait également dans sa compagnie de nains. Treize nains. Esquissés assez grossièrement dans le bouquin, ils se devaient d'être plus développés à l'écran. Un ratage diront beaucoup. Une semi-réussite à mon humble avis. L'interprétation et le character design aidant, ils ont chacun leur propre apparence bien définie et il serait donc de mauvaise foi de dire qu'ils se ressemblent tous. La caractérisation en revanche reste bien sommaire. Le gros, le bourrin, le malicieux, l'efféminé. C'est pas très fin mais on arrive à les différencier et c'est déjà pas si mal. 
Deux nains ont vraiment bénéficiés de toute l'attention de Jackson et de son équipe. Thorin Oakenshield (formidable Richard Armitage), leader du groupe et roi maudit en devenir bien sûr, mais aussi Kili, interprété avec hardiesse par Aidan Turner, et dont la romance avec l'elfe Tauriel (Evangeline Lilly dans un personnage absent du roman et inventé pour l'occasion) aura focalisé bon nombre de critiques. Trahison ! Sacrilège ! Un nain qui fait les yeux doux à une elfe, non mais quelle connerie ! Permettez-moi de ne pas être d'accord. La mort de Kili dans le livre de Tolkien était purement factuelle. Honorable mais sans émotions. Impossible de cotoyer ce personnage si longtemps dans le film pour le tuer servilement au nom de la fidélité. Pour Jackson, tuer l'un de ses héros doit avoir un sens et un coût émotionnel. Son histoire d'amour, aussi contre nature et étrange soit-elle, rend son sacrifice d'autant plus déchirant. Mais aussi, et c'est le deuxième effet KIss Cool, les elfes, si souvent impassibles, y gagnent aussi en profondeur. A cotoyer la mort, ils fendent leur armure et semblent enfin réels. Là se trouve la plu belle innovation de cette trilogie bancale.

Que retenir du HOBBIT selon Peter Jackson ? Outre les réussites que sont Bilbo et Smaug, les deux personnages les plus mémorables de cette épopée, on ne pourra pas accuser le bonhomme de s'être reposé sur ses lauriers. Entre innovations technologiques (3D, High Frame Rate, Performance Capture), spectacle titanesque et défis scénaristiques et scéniques, la voie choisie n'aura pas été celle de la facilité. Il s'en est fallu de peu que le défi soit pleinement relevé.  Vraiment de peu. George L. ne peut pas en dire autant.   

Alan Wilson

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