Blog cinéma d'utilité publique

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mardi 13 janvier 2015

MARVEL CINEMATIC UNIVERSE : LA FORMULE DU SUCCES

Il aura suffi d'une malheureuse poignée de minutes, un clin d'oeil pas vraiment innocent, pour que tout change. Pour que le film de super-héros, ce genre autrefois si inégal (tant artistiquement que financièrement) entame une révolution. La révolution Marvel.
Cette scène, c'est la rencontre à la toute fin du génrique d'IRON MAN (2008) entre Tony Stark (Robert Downey Jr. dans un rôle taillé sur mesure) et Nick Fury (Samuel L. Jackson). Ce dernier invite le milliardaire en armure rouge et or à se joindre à un projet nommé Avengers Initiative. Cut sur des millions de geeks hystériques fantasmant la rencontre sur grand écran des super-héros les plus emblématiques de la maison aux idées. Aujourd'hui encore, le réalisateur Jon Favreau parle d'une blague, assure qu'il a tourné cette scène pour faire sourire les fans plus que pour leur promettre monts et merveilles. Mouais. Dur à croire. Surtout que le même été, Tony Stark s'invitait dans les ultimes minutes de L'INCROYABLE HULK de Louis Leterrier pour en rajouter une couche et que le bouclier de Captain America était bien visible dans l'une des scènes coupées du film. Les deux films de super-héros sont donc liés et déjà un homme, petit génie du marketing, Kevin Feige rêve d'une méga-franchise Marvel, un univers cohérent capable de rivaliser avec son homologue papier. Sept ans plus tard, le rêve s'est réalisé. Pour le meilleur mais aussi pour le pire. 



Avec le Marvel Cinematic Universe, les films ne sont plus vraiment des films. Mais des produits interconnectés, interdépendants. On annonce des dates. On parle de Phase 1,2, 3. L'exemple le plus frappant - et le plus navrant - reste IRON MAN 2, toujours de Jon Favreau. Un film en forme de teaser, ou plutôt d'amuse-gueule, parce que Marvel Studios se devait bien de produire quelque chose pour faire patienter avant THOR et CAPTAIN AMERICA, de présenter des personnages et de tester l'amour du public pour ceux-ci avant de lancer le gros morceau, AVENGERS donc. En résulte un drôle d'objet sans véritable enjeux, presque totalement improvisé, incroyablement bancal et assez con. Et surtout avare en action. Ce sera aussi le cas, dans une moindre mesure, des films de Kenneth Branagh et Joe Johnston, moins pénibles mais tout aussi frustrant. AVENGERS repose donc sur des bases on ne peut plus fragiles et discutables. 
La réussite n'en est que plus éclatante. Joss Whedon écrit et réalise le film de super-héros que tous les amoureux de Marvel désiraient voir. Drôle, coloré, spectaculaire, cohérent, fidèle à l'esprit des bandes dessinées. Le triomphe est planétaire. Le Marvel Studios de Kevin Feige peut désormais jouer dans la cour des grands et se développer. Les dollars coulent à flots, les kids veulent des super-héros mais, croyez-moi, il y a déjà une couille dans le potage. Le parfum de la séduction n'est pas encore dissipé que l'entreprise du père Feige révèle ses deux plus grosses failles : superficialité et standardisation.
La règle d'or de tous bon film ? Une bonne histoire et de bons personnages. Chez Marvel Studios, les personnages sont là, on ne peut pas le nier. Pour les histoires, c'est autre chose. Tous les films étant liés les uns aux autres, les bribes d'intrigues placées ici et là pour annoncer d'autres films font de chaque films des objets incomplets aux enjeux jamai clairement définis. Pire encore, sur le modèle des bandes dessinées, personne ne meurt jamais vraiment et est susceptible de réapparaître plus tard. Résultat, toutes les "fausses" morts (Loki, l'agent Coulson, Groot) qui se suivent n'ont que peu d'impact. Idéal pour flinguer la dramaturgie d'un film.

Le succès d'AVENGERS aidant, les films suivants (THOR - THE DARK WORLD, IRON MAN 3, CAPTAIN AMERICA - THE WINTER SOLDIER et LES GARDIENS DE LA GALAXIE), nantis de budgets plus importants vont tous appliquer la même formule au point, finalement, de tous se ressembler. De l'humour, des clins d'oeil, des héros en fuite et un loooong climax pour tout faire péter. Une consanguinité assez navrante pour peu que l'on ait le courage de se taper tous ces films à la suite. Du cinéma McDo dans toute sa splendeur. Bon, soyons modérés, Shane Black (IRON MAN 3) et les frères Russo (CAPTAIN AMERICA - THE WINTER SOLDIER) s'en sortent bien mieux que les autres pendant deux tiers de film avant de céder à la méthode Feige lors de climax bruyants et pompeux. Et le point de non-retour est atteint avec LES GARDIENS DE LA GALAXIE, un film dont la cool attitude faussement irrévérencieuse sent l'étude marketing à plein nez. Pourtant bien foutu techniquement parlant, le film de James Gunn est d'une vacuité proprement irritante. Rien, et surtout pas l'histoire, ne semble avoir d'importance. Seules les vannes et le rythme comptent. La bande originale vintage n'est qu'une vitrine sonore, un gimmick dont la seule finalité narrative est - tenez-vous bien - de nous annoncer l'inévitable suite. 

Aujourd"hui, le Marvel Cinematic Universe continue de s'étendre (à la télévision avec AGENTS OF SHIELD et AGENT CARTER) mais aussi au cinéma avec l'inévitable AVENGERS - AGE OF ULTRON et ANT-MAN prévus pour cette année. Le premier, très prometteur, semble être la première vraie tentative de Marvel d'injecteur la noirceur dans ses super-héros avec son bad guy psychotique et génocidaire, ses luttes fratricides et une ambiance de fin du monde. Le second en revanche n'inspire aucune confiance. ANT-MAN était le projet chéri du bouillant Edgar Wright (SHAUN OF THE DEAD, HOT FUZZ) et il promettait une VRAIE prise de risque pour Marvel Studios. Il n'en sera rien. Wright a quitté le bateau remplacé par Peyton Reed un yes-man ayant réalisé un film s'appelant YES-MAN. Tout un programme quoi.     

Alan Wilson

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