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dimanche 1 février 2015

A LA POURSUITE D'OCTOBRE ROUGE / THE HUNT FOR RED OCTOBER (1990) DE JOHN McTIERNAN - LA CRITIQUE

THE HUNT FOR RED OCTOBER est publié en 1984. C'est le premier roman de Tom Clancy, passionné de jeux d'échecs et d'histoire militaire, qui travaillait alors dans une petite compagnie d'assurance à Owings, dans le Maryland. L'histoire suit les efforts désespérés de Jack Ryan, un analyste de la C.I.A., pour permettre le passage à l'Ouest du commandant de sous-marin Marko Ramius, figure éminente de la Marine Soviétique. Ce dernier est en possession de l'Octobre Rouge, un sous-marin nucléaire dont le système de propulsion révolutionnaire lui permet de se mouvoir en silence, au nez et à la barbe des sonars de ses adversaires. Aider Ramius, c'est la chance de pouvoir mettre la main sur l'Octobre Rouge et sa technologie alléchante. Mais les Soviétiques sont prêts à tout pour empêcher que cela n'arrive. L'authenticité, le réalisme et la complexité de l'oeuvre, éditée par le Naval Institute Press (la branche édition du vénérable Institut Naval des Etats-Unis), font mouche auprès du public. Un best-seller est né. Forcément, Hollywood ne perd pas de temps à tenter de s'emparer des droits du roman pour le porter à l'écran. C'est le producteur Mace Neufeld qui remporte le morceau dès 1985. Mais celui qui a produit l'un des premiers succès de Kevin Costner, NO WAY OUT (SENS UNIQUE en vf) réalisé en 1987 par Roger Donaldson, va en chier pour convaincre les grands studios de financer THE HUNT FOR RED OCTOBER, bien plus cérébral et donc risqué qu'un actionner lambda. Finalement, la Paramount fait le grand saut et donne son feu vert à Mace Neufeld. 

C'est John McTiernan qui se retrouve derrière la caméra, avec les pleins pouvoirs, les succès de PREDATOR et DIE HARD aidant. Amoureux du bouquin, le cinéaste force le scénariste Larry Ferguson à jeter son premier jet pour rendre un travail plus fidèle à sa source et invite John Milius (oui, John Milius, le réalisateur de CONAN LE BARBARE et de L'AUBE ROUGE) à venir ajouter son grain de sel, ce dernier parsemant le script de répliques de son cru. Rayon casting, Kevin Costner est envisagé pour endosser l'uniforme de Jack Ryan mais son emploi du temps trop surchargé (un certain DANCES WITH WOLVES semble l'accaparer) l'oblige à décliner l'offre. C'est le (presque) débutant Alec Baldwin qui en profite. Un choix magnifique. S'il est un héros à plus d'un titre, Jack Ryan n'est pas un homme d'action au sens classique du terme. Son arme, c'est son intelligence. C'est donc un Ryan à la fois cultivé, volontaire, espiègle, courageux, parfois un peu gauche mais toujours séduisant et triomphant que campe Alec Baldwin, cinégénique en diable. A ce petit jeu, ni Harrison Ford, ni Ben Affleck, ni Chris Pine, ses successeurs dans le rôle, ne parviendront à l'égaler. Ironie du sort, la denière (en fait la première, reboot oblige, argh) aventure de Jack Ryan en date, réalisée par un Kenneth Branagh fantôme et sortie sur nos écrans en 2014 s'offrira les services de Kevin Costner dans un rôle de mentor. Pour le rôle de Marko Ramius, c'est d'abord Klaus Maria Brandauer qui est engagé. Mais il doit abandonner à deux semaines de tournage en raison d'un autre engagement. Enfer, damnation et solution. Sean Connery prend la relève et apporte son aura de légende vivante à un rôle qui ne demandait que ça. Un jeune premier qui promet et un vieux loup de mer en tête d'affiche. McT a du charisme en or massif pour remplir son cinemascope toujours si élégamment et précisément cadré. Et on oubliera pas non plus de mentionner le reste du casting. Scott Glenn, Sam Neill, James Earl Jones, Richard Jordan, Jeffrey Jones, Tim Curry, Stellan Skarsgard, Courtney Vance, Joss Ackland. Excusez du peu ! C'est l'une des plus grandes qualités de cet adaptation cinématographique. La distribution dégage, jusque dans ces plus petits rôles, un magnétisme, une authenticité et une crédibilité qui sautent aux yeux.

Dans sa mise en scène, John McTiernan parvient avec THE HUNT FOR RED OCTOBER à se surpasser. Parfaitement servies par la photo superbe et ingénieuse de Jan de Bont, la fluidité, l'élégance et la parfaite maîtrise de son cadre et de ses mouvements de caméra donnent corps à une série de joutes verbales passionnantes. McTiernan "filme" littéralement les dialogues. Un véritable ballet cinématographique rythmé par les choeurs de l'armée rouge brillamment intégré par Basil Poledouris (ami et compositeur de - tiens, tiens - John Milius) à sa composition. 
Par la forme, c'est à une leçon de politique que se livre le réalisateur de DIE HARD. "Je suis un menteur et un tricheur. Je souris aux enfants pendant que je leur vole leur sucettes" nous dit le personnage de ministre de la défense interprété par Richard Jordan. McTiernan ne fait rien d'autre. Il nous fait passer une myriade d'informations, de nuances, de tactiques par un simple tour de magie formelle. La caméra séduit le regard, l'ensorcelle même pour mieux faire avaler au cerveau des enjeux qui, autrement, aurait nécessité des heures et des heures d'explication. De la vulgarisation de haut vol en somme. Masterpiece, Sir !   

Alan Wilson           

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