Blog cinéma d'utilité publique

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mardi 24 février 2015

SI TU TENDS L'OREILLE / MIMI WO SUMASEBA (1995) DE YOSHIFUMI KONDO - LA CRITIQUE (EXPRESS)

Je n'hésite pas à l'affirmer ici, SI TU TENDS L'OREILLE est l'une des chroniques adolescentes les plus émouvantes et ensorcelantes qu'il m'ait jamais été donné de voir. Une sorte d'équivalent animé et nippon d'un BREAKFAST CLUB ou d'un PRETTY IN PINK, partageant avec John Hughes son sens de la caractérisation et un ton très particulier, mélange de drolerie et de douce amertume. 

C'est le premier long-métrage des studios d'animation Ghibli à n'avoir été réalisé ni par Hayao Miyazaki, ni par Isao Takahata, et c'est aussi la première oeuvre de Yoshifumi Kondo, ancien animateur clé. Le personnage principal, Shizuku, est une jeune adolescente de 14/15 ans à la croisée des chemins. Elle partage son temps entre sa famille, sa meilleur amie Yuko et sa passion pour l'écriture et la lecture. Pourtant, elle ignore encore la voie à emprunter et ne se soucie guère de son avenir. Une rencontre avec un garçon, futur luthier, et son grand-père antiquaire, motivée par la curiosité et initiée par un drôle de chat débonnaire, va changer sa vie à jamais et l'aider à y voir clair.
De prime abord, le rythme nonchalant et la succession, presque anecdotique, de scènes de la vie quotidienne croquées avec une justesse et un sens du détail admirable, évoquent le Truffaut des débuts. L'animation, magnifique, travaille dur à créer une impression de fausse simplicité. Les personnages existent et s'imposent dans nos esprits et dans nos coeurs, sans même le besoin d'une intrigue. Mais il y en pourtant bien une, et ses contours se dessinent au fur et à mesure. En fait, elle était là dès le début, inscrite sur des cartes d'emprunts de la bibliothèque locale. Il fallait juste laisser le temps au metteur en scène de la faire émerger. Pour que Shizuku parvienne à mieux se connaître et à s'accomplir enfin, il lui manquait deux choses : un but et l'amour pour lui permettre de le mener à bien. 
SI TU TENDS L'OREILLE pose un regard tendre, espiègle et plein de fantaisie sur les promesses que l'adolescence peut faire naître. Des promesses qui ne se réaliseront qu'à force de travail et de sacrifices. C'est d'ailleurs sur une promesse, encore une, que ce film brillant se clôt. La promesse d'une carrière brillante pour Yoshifumi Kondo. Le destin en décidera autrement puisqu'il décédera le 21 janvier 1998 d'un anévrisme. Pour chaque sourire, il y a une larme.

Alan Wilson        

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