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jeudi 19 février 2015

K-19, LE PIEGE DES PROFONDEURS / K-19 THE WIDOWMAKER (2002) DE KATHRYN BIGELOW - LA CRITIQUE (EXPRESS)

C'est la chronique d'un désastre annoncé. Un peu comme l'APOLLO 13 de Ron Howard, caution historique et décor claustrophobique à l'appui (un sous-marin nucléaire remplace une capsule spatiale) le drame en apnée de Kathryn BIgelow confronte des hommes courageux à toutes les calamités qu'une technologie faillible peut leur faire subir. Mais la comparaison s'arrête là. K-19 LE PIEGE DES PROFONDEURS (quel titre à la mord-moi le noeud !) est une tragédie pesante, une veillée funèbre de deux heures et des poussières, et rarement un hymne triomphant à l'héroïsme et à la débrouillardise.

Dès les premières minutes du film, en installant un climat politique chargé et tendu (la Guerre Froide et sa course à l'armement nucléaire), la réalisatrice filme l'équipage du sous-marin vedette comme des morts en sursis, sacrifiables à la gloire de la Mère Patrie. C'est ce qui différencie ce métrage en particulier de tous les autres films de sous-marins qui l'ont précédé (A LA POURSUITE D'OCTOBRE ROUGE, DAS BOOT ou encore USS ALABAMA, pour citer les plus prestigieux), un genre en soi avec ses codes à base de capitaines/vieux loups de mer, de matelots au regard effrayé et de batailles navales à l'aveugle. Ici, l'ennemi ne lance pas de torpilles mais des radiations. A défaut d'Américains à défier, les soviétiques du K-19 luttent contre un réacteur nucléaire défectueux, crevant à petit feux et vomissant tripes et boyaux, multipliant les réparations de bouts de ficelle pour ne pas que leur précieux sous-marin se transforme en bombe atomique capable de déclencher une Troisième Guerre Mondiale. 
Filmant à hauteur d'hommes un casting très juste dominé par un Harrison Ford impérial, sans esbrouffe, Kathryn BIgelow utilise son budget maousse essentiellement à des fins d'authenticité. Et c'est une réussite sans appel. La sensation de se retrouver enfermé dans un sous-marin massif, implacable cercueil de métal froid, est terrassante. Seul bémol, le score pompier de Klaus Badelt a une fâcheuse tendance à alourdir le propos, surlignant au marqueur gras des scènes qui n'en avaient pas nécessairement besoin. Un artifice hollywoodien dont ce film, humble et traversé par une belle âme slave, aurait pu se passer.

Alan Wilson      

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