Blog cinéma d'utilité publique

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dimanche 1 février 2015

NE NOUS JUGEZ PAS / SOMOS LO QUE HAY (2010) DE JORGE MICHEL GRAU - LA CRITIQUE (EXPRESS)

Les bêtes de festival, j'ai tendance à m'en méfier. C'est comme ça, je n'y peux rien. La peur de me retrouver devant un film chiant qui ne raconte rien et qui tente d'épicer le tout à coups de saillies gores provocatrices. C'est précisément cette appréhension que j'avais devant le premier film de Jorge Michel Grau, primé à Gerardmer et remarqué à Cannes. J'ai glissé le dvd dans le lecteur sans trop y croire. Une heure et demie plus tard, l'impression est mitigée.

Pour un film d'horreur, le point de départ, anti-spectaculaire et intimiste, est plutôt original. On y découvre une famille de cannibales qui, privée du patriarche, essaie tant bien que mal de perpétuer sa sinistre routine. L'aîné des trois enfants prend sur lui de ramener à la maison une victime destinée à être sacrifiée et dévorée à l'issue d'un rite mystérieux. Dans sa description des tensions familiales et de la violence qui ronge chacun des personnages, le réalisateur réussit à créer le malaise. Sans compatir ni condamner, il observe avec la distance nécessaire, comme on relaterait froidement un fait divers sordide dont les tenants et les aboutissants restent incompréhensibles. Du passé de cette famille, on ne saura jamais rien si ce n'est qu'elle semble se fondre dans la masse de la misère des grandes villes du Mexique. Son avenir semble en revanche tout tracé, un avenir poisseux, sanglant, aux relents d'inceste. Sur un tel sujet, NE NOUS JUGEZ PAS intrigue, passionne même. Dommage que, pour corser le dernier acte, une enquête policière assez ridicule vienne se greffer au récit. Là, on y croit plus une seule seconde et on soupire en levant les yeux au ciel. Ce qui avait commencé comme un brillant récit de la déshumanisation très inspiré par le style dépouillé de David Cronenberg se conclut comme un slasher de seconde zone terriblement ennuyeux. 
C'est évident, Jorge Michel Grau souhaitait livrer une variation sociale, intime et naturaliste du TEXAS CHAINSAW MASSACRE de Tobe Hooper. Mais le résultat, maladroit dans sa conclusion, n'est pas assez abouti pour convaincre pleinement. 

Alan Wilson    

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