Une chose avant de d'aller plus loin. Pour
apprécier ce film, l'un des plus beaux de la longue carrière de Sir
Ridley Scott, à sa juste valeur, il existe une règle à observer
scrupuleusement : bannir le montage cinéma, sinistre producer's cut que Ridley se mordit les doigts d'accepter, et ne considérer la version
longue comme la SEULE et UNIQUE version. Voilà. C'est dit. C'est gravé
dans le marbre.
Bon, revenons à nos moutons. KINGDOM OF HEAVEN
donc. Sublime fresque épique de plus de trois heures sur les Croisades vers la fin du
XIIème siècle et très pertinente remise en perspective des conflits
religieux qui secouent le Moyen-Orient depuis trop longtemps. Une fois de plus, après 1492 et GLADIATOR, le cinéaste britannique nous cause religion, guerre et pouvoir. Enfin, surtout religion dans ce cas précis. Comment l'on s'en sert, comment on devrait s'en servir.
Que vaut
donc Jérusalem pour que tant d'hommes se foutent inlassablement sur la
gueule ? La question est ici posée à Saladin, charismatique et pragmatique chef de guerre des Sarassins, par le très (trop ?) chevaleresque Balian d'IBelin (Orlando Bloom dans son meilleur rôle) . Réponse de l'intéressé ? Tout et rien ! Un symbole dont chacun use pour asseoir son autorité ou justifier la guerre, les meurtres. A la regarder pou ce qu'elle est vraiment, Jérusalem n'est qu'un tas de pierres sur lequel le sang a coulé, coule et coulera encore plus que de raison. A la regarder pour ce qu'elle n'est que dans le regard des fanatiques qui agitent le monde et galvanise les foules, elle est un tremplin vers le pouvoir. Et le pouvoir, malheureusement, ne se nourrit pas de stabilité. La paix est éphémère, négociable et éternellement fragile. Au
gré du point de vue des puissants de ce monde.
Un bien triste constat mais non
dénué d'optimisme. Si la quête de l'absolu ou de la perfection peut
sembler vaine, sans récompense, l'abandonner pour satisfaire ses
plus vils instincts serait sans doute encore pire. C'est là un des plus beaux thèmes qui irrigue tout le film et les
personnages. Qu'il s'agisse de Balian, en quête de Dieu, d'amour et de rédemption, de Sybilla (Eva
Greene), femme forte et imprévisible aux
émotions contrariées par la politique des hommes, ou encore Saladin
(Ghassan Massoud, la révélation du film), leader musulman chevaleresque
contraint à la guerre par les fanatiques de tous bords. Et j'oublie d'en
citer tant le film est riche de ses personnages. Riche de son
esthétisme également. Les images, mémorables, sont d'une sophistication
inouïe et flattent la rétine autant qu'elles donnent vie à cette époque
si particulière, mélange de raffinement et de sauvagerie.
Alan Wilson
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