Blog cinéma d'utilité publique

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samedi 18 avril 2015

LA FRENCH (2014)

Réalisation : Cédric Jimenez.
Scénario : Audrey Diwan et Cédric JImenez.
DIrecteur de la photographie : Laurent Tangy.
Musique : Guillaume Roussel.
Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Céline Sallette, ...
France - Couleurs - 135 minutes.

Traffic d'influences.



On ne peut pas le nier, les ambitions de LA FRENCH sont parfaitement nobles. Redonner vie au cinéma populaire français des 60's et des 70's, signer une grande fresque policière, s'attaquer à un sujet complexe et foisonnant et, enfin, exploiter la cinégénie indéniable de Marseille. Encore faut-il avoir un minimum de talent pour mener ces ambitions à bien. Manifestement, Cédric Jimenez n'était pas à la hauteur de la situation.
Le problème du cinéaste, ce sont ses influences, écrasantes, et son incapacité à les digérer pour produire quelquechose de cohérent. Un fanboy, peut importe ses goûts, ne fait pas forcément un bon cinéaste. Dont acte.
Michael Mann, William Friedkin, Michael Cimino, Sidney Lumet, Ridley Scott, Brian de Palma. Voici la liste (non exhaustive) des cadors du 7ème Art que Cédric JImenez cite et rêve d'égaler avec LA FRENCH. Puisqu'il est un cinéate français et qu'il est visiblement amoureux de bon cinoche populaire, on aurait aussi bien aimé qu'il pense à Verneuil, Lautner, Tavernier et Boisset mais bon, passons. Jimenez n'a ni une voix ni un style qui lui soit propre ou qui tienne un minimum la route. LA FRENCH se contente d'imiter. Maladroitement. Un vieux logo Gaumont des années 70 pour faire "comme si". Le grain de l'image est retravaillé numériquement, pour faire "comme si". Et la caméra, c'est à l'épaule. Tout le temps. Et c'est mal cadré, tout le temps. Les rares plans larges privilégient ainsi un mouvement rapide et heurté. Pour planter un décor, c'est pas ce qu'il y a de plus efficace. Et ce ne sont pas deux ou trois plans brefs sur la Bonne Mère, le quartier du Panier ou le Vieux Port qui trompent qui que ce soit. LA FRENCH aurait pu être tourné en Normandie, ça n'aurait pas changé grand chose. Aux chiottes donc, l'ampleur qu'un tel sujet réclamait. La temporalité et le rythme subissent la même gestion hasardeuse. L'histoire est censée se dérouler sur une période de plus de six ans mais, à l'écran, faute d'un travail visible sur le maquillage ou les costumes, il ne semble se passez que quelques semaines ou mois. Le rythme, en dent de scie, conforte encore plus cette désagréable impression. 
Scénario et castings ne font pas mieux. La narration hésite constamment à choisir un point de vue et nous trimballe entre l'entourage du juge Pierre Michel et celui du truand Gaëtan Zampa au petit bonheur la chance, lançant de nombreuses intrigues parallèles sans jamais les développer de manière satisfaisante. On aurait aimé en savoir plus sur la corruption policière, sur la mafia corse, sur le système de Gaston Defferre, sur la rivalité entre Zampa et Le Fou. Tant pis. Les acteurs, très mal castés, sont sans doute les plus à plaindre dans l'affaire. En tête d'affiche, Jean Dujardin et Gilles Lellouche donnent le maximum dans des rôles qui ne leur correspondent guère et parviennent même à briller dans quelques scènes (le juge Michel qui craque dans une cabine téléphonique et supplie sa femme de revenir à la maison, Zampa faisant ses adieux à son fils avant de partir en planque). Mais Benoît Magimel, Feodor Atkine ou encore Gérard Meylan (l'inoubliable Marius de Jeannette) font peine à voir. Et puis engager Eric Collado, comparse bouffon de Dujardin à l'époque des Nous C Nous, dans le rôle d'un maffieux ferait presque basculer certaines scènes dans la comédie involontaire. 
Je m'arrête là, j'ai plus la force. LA FRENCH est un beau gâchis.

Alan Wilson     

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