Blog cinéma d'utilité publique

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dimanche 19 avril 2015

HEADHUNTERS (2011)

Titre original : Hodejegerne.
Réalisation : Morten Tyldum.
Scénario : Lars Gudmestad, Ulf Ryberg, d'après le roman de Jo Nesbo.
Directeur de la photographie : John Andreas Andersen.
Musique : Trond Bjerknes, Jeppe Kaas.
Avec Aksel Hennie, Nikolaj Coster-Waldau, Synnove Macody Lund, ...
Norvège/Suède - Couleurs - 100 minutes.

Instant norvégien.


Roger Brown (Aksel Hennie). Il ne sait pas encore ce qui l'attend.
Roger Brown (Aksel Hennie, parfait de bout en bout) est chasseur de têtes pour de grands groupes industriels. Il est bien payé, mais ça ne lui suffit pas pour mener le train de vie dispendieux qui est le sien. Roger a une femme qu'il aime (même s'il lui est infidèle), grande, belle, blonde, intelligente et il entend la couvrir de cadeaux comme une princesse. Plutôt que de lui faire un enfant, ce qui est à peu près tout ce qu'elle réclame. Alors, il fait aussi dans le vol et le recel d'oeuvres d'art. Il connaît les règles et espère toucher le gros lot un jour où l'autre, LE tableau qui le mettra à l'abri du besoin et lui permettra de raccrocher avant de se faire épingler par la police. Roger est froid, cynique, calculateur, menteur. Bref, c'est un mec détestable. Thomas Crown, mais sans le charme de Steve McQueen ou de Pierce Brosnan. En une scène, sa vie toute entière va basculer, irrémédiablement. L'occasion pour le metteur en scène, Morten Tyldum, de nous prouver qu'il a mieux à faire que de signer un énième thriller à tiroirs digne du premier petit malin venu.
Après avoir fignolé son plan dans les moindres détails, Roger s'introduit enfin dans la demeure, vide, de Clas Greve (Nikolaj Coster-Waldau, redoutable), un ami de sa femme à qui il fait miroiter un poste de PDG dans une entreprise d"électronique. Ce qui intéresse vraiment Roger, c'est le tableau que Clas garde chez lui, une oeuvre rare qui pourrait lui rapporter des millions. Au bout de quelques minutes, Roger trouve le tableau, le remplace par une copie et s'apprête à quitter les lieux, satisfait. Désobéissant à ses propres principes de rapidité et de discrétion, Il prend néanmoins le temps d'observer des enfants qui jouent dans la rue. Une vision si attendrissante que, pour la première fois, notre anti-héros semble fendre l'armure. Plus tôt, il avait tourné en dérision, une fois de plus, les envies de maternité de sa compagne. Là, il comprend enfin. Son visage n'affiche plus cet air irritant de faux-cul suffisant mais de VRAIES émotions. Il sort donc son téléphone portable et appelle sa femme pour lui dire qu'il est prêt à fonder une famille avec elle, à l'aimer autrement qu'en lui achetant des babioles hors de prix mais sans aucune signification. Mais, à chaque tonalité, une sonnerie de téléphone, toute proche, se fait entendre. Roger comprend très vite que le téléphone portable de sa femme se trouve ici, avec lui, dans la maison de l'homme qu'il est en train de voler. Il fouille et finit par le trouver au pied du lit. Un lit défait. Le lit dans lequel sa femme l'a trompé. Roger est donc cocu. Blessé dans son égo et dans ses sentiments, il n'est plus maître de la situation. Cette humiliation n'est que le début d'un chemin de croix drôle, cruelle, sanglant, douloureux.
En privilégiant la mise en place d'un état émotionnel plutôt qu'un alignement virtuose d'indices en tous genres, HEADHUNTERS se distingue du tout venant. Aussi bien ficelés soient-ils, les rebondissements qui suivront ne servent pas seulement à épater la galerie, à surprendre. Plus qu'à un thriller, c'est même à un conte moral que l'on a droit. Comme dans THE GAME de David Fincher (un cinéaste avec lequel Morten Tyldum partage notamment son goût pour l'élégance formelle), chaque épreuve que traverse le personnage principal lui enseigne un peu plus l'humilité et la dureté d'une vie sans argent, sans confort et sans protection. Roger Brown sera souillé, battu, dépouillé de son identité. Il mourra, avant de renaître, le crâne rasé, le corps couverts de cicatrices, tel un pénitent. Mais je n'en dirai pas plus, de peur de ne trop en révéler pour les chanceux qui n'auraient pas encore vu le film. 
HEADHUNTERS est un vrai bijou de mise en scène, maîtrisé mais jamais vaniteux, un vrai film noir mais qui ne manque pas d'humour ... à froid. Depuis, Morten Tyldum a signé THE IMITATION GAME, un autre tour de force sur lequel je reviendrai bientôt. Promis.

Alan Wilson

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