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lundi 9 mars 2015

TUSK (2014) DE KEVIN SMITH - LA CRITIQUE (EXPRESS)


Sacré Kevin Smith ! Il faut accorder au bavard du New Jersey une sacrée dose de courage pour avoir conçu et mené à bien cette péloche atypique, malsaine et décalée.
TUSK raconte l'histoire de Wallace Bryton (Justin Long, qui n'a pas été aussi bon depuis JEEPERS CREEPERS), un podcasteur arrogant et cynique qui se rend au Canada pour rencontrer le dernier sujet de ses moqueries en ligne, un adolescent qui s'est coupé la jambe en jouant avec un katana (!). Mais, une fois sur place, l'interview tombe à l'eau. Coup de bol, une annonce découverte dans les toilettes d'un bar local le met sur la piste d'un certain Howard Howe (Michael Parks, égal à lui-même c'est-à-dire génial), un vieux solitaire qui se dit aventurier et prêt à raconter son incroyable histoire à quiconque voudra bien le rencontrer. Ce que Wallace ignore, c'est que le bonhomme en question a le projet secret de kidnapper, de mutiler puis de transformer son interlocuteur en ... morse. 
Oui, vous avez bien lu.
Après RED STATE et sa congrégation de fanatiques religieux meurtriers, Kevin Smith récidive dans l'horreur et poursuit sa plongée dans la folie humaine. Si, sur la forme, le réalisateur de CLERKS et MEPRISE MULTIPLE se montre toujours aussi conscient de ses limites et privilégie la simplicité, son sens du dialogue (acéré) et de la narration (remarquable) forcent le respect. Les trentes premières minutes constituent un véritable modèle d'exposition et de tension larvée. Sitôt le héros plongé dans un calvaire sans fin, TUSK évite intelligemment l'écueil du torture-porn qui lui pendait au nez pour épouser la claustrophobie old-school d'un huit-clos psychologique ... avant de changer à nouveau de direction. Et ainsi de suite. TUSK est un film gigogne, qui, sans jamais se dérober vis-à-vis de son pitch casse-gueule (vous vouliez voir un homme transformé en morse, vous serez servis !), n'hésite pas à brasser les genres (comédie, thriller, horreur, romance tragique) pour mieux surprendre son public. Mais le procédé, cohérent sur la durée, rencontre malheureusement un obstacle de taille en la personne de Johnny Depp, moyennement drôle et jamais crédible dans son rôle d'inspecteur québécois timbré. L'absurdité trop appuyée de son personnage, si elle s'intègre à la folie de l'ensemble, nuit pourtant énormément à l'intensité du drame qui se joue. Ainsi, la conclusion du film, pourtant très proche de celle de LA MOUCHE version Cronenberg, ainsi que de sa suite signée Chris Wallas (une très belle double-référence), peine à atteindre le sommet d'émotion voulu et nécessaire. Un défaut réel mais qui n'entame en rien la radicalité du propos et la sincérité de la démarche. Kevin Smith n'est peut-être pas un grand cinéaste mais il a une voix bien à lui. Et des couilles aussi. Une grosse paire de couilles. Ce qui est de plus en plus rare, non ?

Alan Wilson

      

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