Blog cinéma d'utilité publique

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dimanche 8 mars 2015

PREMIERS PAS : GEORGE LUCAS, GUILLERMO DEL TORO, JAMES CAMERON, STANLEY KUBRICK

Quoi de plus amusant que de profiter d'un après-midi de farniente pour jouer les archéologues et découvrir les premiers efforts de cinéastes renommés ? Youtube aidant, je suis donc parti en quête d'une poignée de courts-métrages et d'un long plutôt rare, le FEAR & DESIRE de Stanley Kubrick. Passage en revue ...


On commence avec FREIHEIT de George Lucas, réalisé en 1966. Le titre signifie liberté (pour les non-germanophones) et suit, sur trois courtes minutes et en noir et blanc, la tentative d'un jeune étudiant désespéré (joué par le futur cinéaste Randal Kleiser) pour traverser une frontière. Finalement abattu par un soldat, il agonise en ressassant son idéal de liberté. Presque totalement muet et assez anodin, le court fait tout de même preuve d'un joli sens du découpage et du suspense. Le thème exploré, le besoin de liberté, deviendra une constante dans l’œuvre à venir du barbu de Modesto.   


GEOMETRIA, librement adapté de la nouvelle NATURALLY de Fredric Brown par le mexicain Guillermo Del Toro, joue déjà dans une catégorie supérieure. Un jeune homme grondé par sa marâtre de mère pour avoir échoué à son examen de géométrie tente d'invoquer un démon qui lui donnerait la possibilité de ne plus jamais échouer dans ses études. Rien, évidemment, ne va se passer comme prévu. Les références abondent (EVIL DEAD, Mario Bava, L'EXORCISTE, ZOMBIE) dans ce court-métrage sorti tout droit d'un EC Comics. Éclairages baroques, violence cartoonesque et humour noir font bon ménage. Seuls les acteurs font un peu de peine à voir, leur amateurisme crevant les yeux. Il n'empêche que ce court-métrage aurait sûrement pu avoir sa place au sein d'une anthologie à la façon du CREEPSHOW de George A. Romero et Stephen King. A noter que deux montages de GEOMETRIA existent, le plus court faisant partie des bonus de l'édition blu-ray Criterion de CRONOS.


Visible dans des conditions médiocres digne d'une vhs en fin de vie, l'ambitieux XENOGENESIS de James Cameron est un drôle d'objet, clairement inachevé mais pourtant annonciateur des long-métrages à venir. Dans les entrailles d'un gigantesque vaisseau, un homme et une femme font face à une sentinelle robotique particulièrement coriace, dans un déluge d'images que l'on retrouvera dans TERMINATOR, ALIENS, ABYSS et même AVATAR. Et, comme dans ces films, une histoire d'amour est au cœur du drame qui se joue. Passé un prologue dessiné prometteur, Cameron transforme son rachitique budget en tour de force technique, preuve de son savoir-faire et de sa maîtrise. Il est simplement dommage que l'histoire se termine en queue de poisson, abruptement. Manque de budget, manque de temps, envie de se tourner vers d'autres projets ? Je l'ignore, mais gageons qu'il s'agit sans doute un peu des trois. Au générique, on retrouve William Wisher Jr, co-scénariste de TERMINATOR 2, et Bernard Hermann signe le score, rien que ça ! Frustrant (on aimerait vraiment savoir comment ça se termine) mais indispensable.  



On termine avec la pièce de résistance, FEAR & DESIRE (1953), le premier long-métrage de Stanley Kubrick, resté longtemps inédit et même un temps considéré comme perdu avant qu'une restauration et une sortie en vidéo en 2012 ne le rende enfin visible un peu partout dans le monde. Kubrick, on le sait, était mécontent du résultat. Avait-il tort ? Non, pas tout à fait, il faut bien l'avouer. Sans être honteuses, les 62 minutes de cette allégorie guerrière ne tiennent pas la comparaison avec les œuvres qui suivront. Si la photographie, le découpage, le rythme et l'ambiance portent de toute évidence la marque du réalisateur de LOLITA et des SENTIERS DE LA GLOIRE, le scénario et la direction d'acteurs ne sont pas loin d'être catastrophiques. Ce qui aurait pu devenir un bon épisode de TWILIGHT ZONE (on nage souvent en plein fantastique, ce qui n'est pas pour me déplaire) souffre d'une écriture nébuleuse et prétentieuse (ah ! ce jeune trouffion qui devient fou et récite du Shakespeare, pitié !), maladroite dans son acharnement à surligner ce qui se passe à l'écran. Quant aux acteurs, leurs prestations oscillent entre la transparence et le cabotinage embarrassant. L'intérêt de FEAR & DESIRE est donc purement technique.

Alan Wilson   

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