Blog cinéma d'utilité publique

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lundi 11 mai 2015

NIXON (1995)

Réalisation : Oliver Stone.
Scénario : Stephen J. Rivele, Christopher Wilkinson, Oliver Stone.
Directeur de la photographie : Robert Richardson.
Musique : John Williams.
Avec Anthony Hopkins, Joan Allen, Paul Sorvino, Bob Hoskins, Powers Boothe, James Woods, Ed Harris, ...
Etats-Unis - Couleurs - 192 minutes (director's cut : 212 minutes).

Dans la peau de Richard Nixon.





C'est bien connu, le réalisateur et scénariste Oliver Stone éprouve une fascination sans bornes pour les figures controversées et la polémique (j'étais sur le point de vous donner des exemples mais non, j'ai plus envie, vous connaissez la filmo du bonhomme ... sinon, il reste wikipédia). En réalisant NIXON, biopic, donc, de Richard Nixon (j'étais sur le point de vous faire la bio du bonhomme mais bon ... wikipédia again), il prouve également qu'il n'est pas rancunier. 
Car le président Nixon (ici joué par Anthony Hopkins, mi-ogre, mi-Caliméro), comme son prédécesseur, le texan Lyndon B. Johnson, a envoyé des jeunes américains se faire trucider par milliers dans le bourbier vietnamien, parmi lesquels, justement, Oliver Stone. Le cinéaste avait beau être volontaire, il n'a pas oublié l'horreur et l'absurdité de ce conflit. Un conflit, d'ailleurs, que Nixon n'avait pas hésité à intensifier brutalement avec sa théorie du "fou". Témoin direct des conséquences sanglantes de l'inflexibilité de Nixon, Oliver Stone aurait eu tous les droits de le haïr. Non, au lieu de ca, il préfère disséquer le mythe, entrer dans la tête de Richard Nixon pour mieux le comprendre et, peut-être - qui sait ? - le réhabiliter. 
Passé un prologue exposant les prémices du scandale du Watergate (wikipédia, mesdames et messieurs, vous tend les bras), le métrage enchaîne directement sur un président Nixon aux abois, de plus en plus seul, et bientôt contraint de démissionner, renonçant ainsi à contre-cœur à un pouvoir qu'il a tant désiré et qu'il a conquis en hypothéquant son âme et son équilibre mental. Il fait nuit, un orage gronde et la Maison Blanche est semblable à un manoir hanté. Partant de cette sublime et lugubre entrée en matière, Stone lance la machine à flash-backs, laissant son montage dériver au fil des souvenirs. Jeunesse difficile et tragique, campagnes politiques pleines de désillusions, rencontres déterminantes. Tout y passe, avec un sens du détail incroyable. Mais NIXON ne se résume pas à une stérile leçon d'histoire. 
Le cœur du film est ailleurs. Dans la schizophrénie de Nixon, un homme double. Stone explore cette facette en jouant sur deux couples. Le couple entre Nixon et sa femme, Pat (Joan Allen, dans son plus beau rôle) d'un côté. Un amour véritable, profond, chaleureux, unit ces deux âmes. Mais il y a aussi le couple Nixon/Hoover (Bob Hoskins, diaboliquement taillé pour interpréter le tant redouté créateur du FBI) , nettement plus intrigant, faustien même. Une scène, exclusive à la version longue, renforce la relation sulfureuse entre ces deux hommes de pouvoir puisque Stone n'hésite pas à faire de Hoover celui qui suggère à Nixon d'enregistrer toutes ses conversations dans le Bureau Ovale. Ce sont ces enregistrements en question qui conduiront, entre autre, à la chute du président. Vous avez dit ambigu ?
Figurant parmi les échecs publics et critiques d'Oliver Stone, NIXON a beaucoup souffert de la comparaison avec JFK, certains pointant du doigt une narration moins fluide (comprendre elliptique et non-linéaire) ou encore le manque de sympathie des personnages (forcément, entre ceux, dans JFK, qui cherche à déterrer la vérité et ceux, dans NIXON, qui cherche à la dissimuler, il y a un sacré fossé). Si l'Histoire oblige les deux films à se recouper, ils n'ont pourtant que peu de points communs. JFK est un thriller juridique, NIXON est un biopic quasi-shakespearien. W., autre biopic sur un drôle de président, serait une comparaison plus judicieuse. Il faut donc revoir NIXON, avec un regard neuf. C'est du grand, du très grand cinéma. 
 
Alan Wilson.

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