Blog cinéma d'utilité publique

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dimanche 24 mai 2015

LE SOLITAIRE (1981)

Titre original : Thief.
Réalisation : Michael Mann.
Scénario : Michael Mann, d'après THE HOME INVADERS de Frank Hohimer.
Directeur de la photographie : Donald Thorin.
Musique : Tangerine Dream.
Avec James Caan, Tuesday Weld, Willie Nelson, James Belushi, Robert Prosky, ...
Etats-Unis - Couleurs - 122 minutes.



La nuit lui appartient.

Certains premiers films sont des réussites éclatantes, mais sans lendemain. D'autres, loin d'être des coups de maîtres, s'avèrent tout de même riche de promesses. Michael Mann, lui, est parvenu à faire coup double. LE SOLITAIRE (joli titre français, pour une fois) n'est pas seulement un grand film, c'est aussi un film somme annonçant à lui seul TOUTE la filmographie à venir du cinéaste.
Un peu comme le collage utopiste que Frank (le personnage principal magnifiquement interprété par James Caan) garde sur lui en permanence, imaginant et planifiant son avenir idéal, il est possible de trouver dans chaque plan, scène ou cadrage du film des éléments et des sensations qui seront réutilisés plus tard et ce, jusque dans BLACK HAT sorti début 2015. Ainsi, la plongée vertigineuse dans les méandres des circuits d'un ordinateur en ouverture de ce dernier évoque t-elle sans peine le macro-travelling dans une serrure de coffre-fort durant l'ouverture du SOLITAIRE. De même, la violence et la rapidité avec laquelle Frank coupe les ponts avec son ancienne existence avant d'aller se venger de Leo (Robert Prosky), son employeur diabolique, réapparaît, à l'identique durant le climax de HEAT lorsque Neil McCauley (Robert de Niro) abandonne Eady, sa bien-aimée pour fuir la police après s'être lui aussi fait justice en supprimant le maléfique Waingro. Les exemples sont légions, et on ne va peut-être pas tous les énumérer, mais le fait est que LE SOLITAIRE est une oeuvre essentielle pour qui veut comprendre le cinéma de Michael Mann.
Mais on ne peut pas résumer LE SOLITAIRE a une simple note d'intention, aussi brillante et cohérente soit-elle. C'est aussi et surtout une révolution esthétique, un pur choc sensoriel qui prend aux tripes, une tragédie moderne. Comment ne pas se prendre de passion pour le combat de Frank, criminel virtuose et esclave d'une société avide de broyer quiconque tente de briser ses chaînes, de ne pas jouer selon la règle dominant/dominé ? On croise les doigts pour voir Frank réussir, on trépigne d'impatience et on célèbre en sa compagnie la réussite de ce qu'il considère comme son ultime casse. L'aisance avec laquelle Michael Mann nous embarque aux côtés de son (anti) héros est proprement saisissante. Ses défaites n'en sont que plus poignantes. Au final, et malgré un bref interlude ensoleillé, la nuit finit par tout engloutir. Frank, dépouillé de sa femme, de sa famille, de ses amis et de ses rêves, à son tour, disparaît dans les ténèbres. Mon dieu, quelle fin.

Alan WIlson

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