Blog cinéma d'utilité publique

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samedi 23 mai 2015

LE COMBAT DES REMAKES : PSYCHO (1960) Vs. PSYCHO (1998)



Dans le coin gauche du ring : PSYCHOSE (ça, c'est pour le titre français) est l'un des gros morceaux de la filmo d'Alfred Hitchcock. Tourné en noir et blanc et dans des délais très courts, avec Janet Leigh et Anthony Perkins en têtes d'affiche a révolutionné le cinéma d'horreur par ses coups de théâtre, sa brutalité inédite et sa mise en scène. Gros succès à la clé.



Dans le coin droit du ring : PSYCHO (à la fois le titre américain et le titre français, notez la subtilité) est l'une des bizarreries de la filmo de Gus Van Sant, un des porte-étendards du cinéma indépendant américains, pour le meilleur comme pour le pire. Estimant que le film original était parfait mais qu'il méritait d'être redécouvert par les jeunes générations sans souffrir du barrage du statut de vieux classique poussiéreux, il s'est donc lancé dans un drôle d'exercice de style en refaisant le même film au plan près. La couleur en plus. Et avec un nouveau casting. Gros bide à la clé.



Ce qui fonctionne dans l'original : Plus ou moins tout. Film de psycho-killer tordu et lourd de sous-entendus, PSYCHOSE multiplie les twists dont un d'anthologie en fin de premier acte. Une véritable leçon de mise en scène, de découpage et de montage, le shocker d'Alfred HItchcock est un cas d'école. Maintes fois parodié et/ou plagié, il mérite haut la main son label de classique immortel. Et il serait criminel d'oublier l'interprétation très ambigue de l'excellent Anthony Perkins.



Ce qui ne fonctionne pas dans l'original : On serait tenté de dire rien, mais ce serait oublier des seconds rôles un peu fades et interpréter sans une once de panache. Heureusement, l'attrait du film est ailleurs. Mais il fallait que ce soit dit.



Ce qui fonctionne dans le remake : Par la force du copier/coller, une immense majorité des qualités de l'original perdurent dans ce remake. La narration et le scénario sont donc impeccables. Mais ce PSYCHO possède tout de même des qualités qui lui sont propres, notamment la photo de Chris Doyle, la réorchestration agressive du score de Bernard Hermann par Danny Elfman et surtout l'interprétation joliment malsaine de Norman Bates par Vince Vaughn, preuve que l'acteur de SWINGERS vaut bien mieux que les comédies dans lesquelles il semble s'être enfermé depuis.


Ce qui ne fonctionne pas dans le remake : Bizarrement, le problème des seconds rôles, confiés ici à des acteurs talentueux (Julianne Moore, Viggo Mortensen, William H. Macy, excusez du peu), demeure d'un film à l'autre. Ils ne sont donc pas plus étoffés ici. Et puis il y a la question des modifications, très brêves, apportées par Van Sant en personne. Efficaces sur le moment, elles ont malheureusement la mauvaise idée d'expliciter certains aspects volontairement suggérés dans le film original. Bien que faisant froid dans le dos, la masturbation, désormais évidente, de Norman Bates observant une Marion Crane sur le point de prendre sa dernière douche en rajoute inutilement dans la perversion du personnage. On ne se demande plus ce qui ne tourne pas rond chez lui, on s'en doute désormais fortement. Dernier point noir, la prestation moyennement convaincante de Anne Heche loin, bien loin même, d'égaler le mélange de vulnérabilité et de sex-appeal de Janet Leigh.

Au final ... Bien qu'un peu oublié aujourd'hui, le remake opéré par Gus Van Sant mérite franchement le coup d'oeil et pas seulement pour jouer au jeu des sept erreurs avec l'original. C'est un hommage réussi, formellement très élégant, et même surprenant à bien des égards. On aurait donc tort de le snober en le traitant de simple copie. Défaite aux poings, mais bel effort du challenger.

Alan Wilson 

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