Blog cinéma d'utilité publique

Blog cinéma d'utilité publique
Obligatoire de 7 à 77 ans

samedi 16 mai 2015

MICHAEL KOHLHAAS (2013)

Réalisation : Arnaud des Pallières.
Scénario : Christlle Berthevas, Arnaud des Pallières, d'après le roman de Heinrich Von Kleist.
DIrecteur de la photographie : Jeanne Lapoirie.
Musique : Martin Wheeler et les Witches.
Avec Mads Mikkelsen, Delphine Chuillot, Bruno Ganz, Mélusine Mayance, David Bennent, Denis Lavant, ...
France/Allemagne - Couleurs - 122 minutes.




Don't fuck with Mads.

MICHAEL KOHLHAAS est un sacré film qui n'a pas eu la reconnaissance qu'il mérite, premier fait.
MICHAEL KOHLHAAS est vraiment un sacré putain de film qui ne cherche ni la reconnaissance, ni les honneurs, ni la sympathie du public ou de la critique, second fait.
L'histoire de ce marchand de chevaux droit dans ses bottes qui cherche à obtenir justice par tous les moyens après qu'un seigneur lui ait fait du tort (et pas qu'un peu) n'est pas nouvelle. Volker Schlondorff, le réalisateur du TAMBOUR, en avait d'ailleurs une première adaptation en 1969 avec David Warner dans le rôle-titre. Et l'on ne manquera pas non plus d'y trouver des points communs avec BRAVEHEART (1995) et ROB ROY (1995 aussi), deux films que l'on ne présente plus et qui usent peu ou prou des mêmes ressorts dramatiques. Les partis-pris anti-spectaculaires du réalisateur Arnaud des Pallières, plutôt gonflés, font toute la différence.
Au romantisme, au lyrisme, au grand spectacle et à la catharsis habituellement de rigueur, des Pallières privilégie un naturalisme à la fois splendide formellement et farouchement austère dans ses émotions. La musique aussi sait se faire discrète, évitant les envolées. La violence, bien que très présente, évite d'être trop frontale ou gratuite. Le sang n'a guère besoin de couler à flots pour que l'on sente sa chaleur poisseuse se répandre. Logique et cohérent finalement puisque le film tout entier est façonné à l'image de son héros, magnifiquement interprété par un Mads Mikkelsen stoïque, tout en colère contenue. Voir l'acteur s'exprimer (parfois difficilement) en français, une langue qu'il ne connaît pas, peut s'avérer déstabilisant au début. Mais, sur la durée, cette particularité renforce encore un peu plus la singularité de cet anti-héros, homme de peu de mots, farouchement protestant.
Il faut savoir ouvrir grand ses yeux et ses oreilles, faire preuve de patience, se laisser hypnotiser par la beauté des images et lutter contre certaines frustrations (le traitement elliptique et minimaliste de la révolte menée par Kohlhaas peut faire grincer des dents) pour apprécier le film d'Arnaud des Pallières. La récompense vient à la toute fin, lors d'un dernier plan tétanisant. 

Alan Wilson   



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire