Blog cinéma d'utilité publique

Blog cinéma d'utilité publique
Obligatoire de 7 à 77 ans

samedi 23 mai 2015

LE PORTRAIT AZIMUTE - MAGGIE GYLLENHAAL


"Having an education is invaluable" (Maggie Gyllenhaal)

"Sois-belle et tais-toi." Très peu pour Maggie Gyllenhaal. Fille de la scénariste et réalisatrice Naomi Foner Gyllenhaal et du réalisateur et poète Stephen Gyllenhaal (respectivement à ces postes sur le drame LOSING ISAIAH - LES CHEMINS DE L'AMOUR) et grande soeur de Jake (sa bio, ce sera pour une autre fois, hein !), l'actrice n'a rien d'une potiche. A 37 ans, elle n'a pas hésité, il y a quelques jours de cela, à dénoncer le sexisme d'Hollywood en révélant s'être vue refusé un rôle parce qu'étant ... trop vieille.
Grande, élégante, une beauté naturelle, un regard farouchement indépendant, Maggie Gyllenhaal s'inscrit dans la lignée d'actrices telles que SIgourney Weaver ou encore Katharine Hepburn. Sa personnalité semble d'ailleurs déborder sur chacun de ses rôles.

"You can go suck a fuck."

Se faire un nom sans s'éloigner du cercle familial. Se faire un prénom, en fait. C'est l'opportunité présentée par DONNIE DARKO. Maggie y interprète la soeur de l'anti-héros que joue son propre frère, Jake. Son temps de présence à l'écran est limité. Mais elle fait preuve d'un sacré naturel. En un seul regard, bouleversant, lors du climax, elle parvient à faire passer un sacré torrent d'émotions. Sans que l'on trouve à y redire, elle est l'AUTRE révélation du petit bijou de Richard Kelly.

"Does this look sexual to you ?"

Un rôle risqué. Comment jouer une femme dominée dans un film traitant du sadomasochisme et des relations employée/employeur sans passer pour un objet de phantasme sexuel pour le spectateur ? Maggie Gyllenhaal y parvient en se fondant dans un personnage paradoxale, riche et finement écrit. Lee Holloway n'est ni une sainte nitouche, ni une cruche. Bien au contraire, elle est formidablement intelligente. Mais aussi émotionnellement instable. L'actrice joue donc tout autant de son physique (c'est inévitable dans une telle situation) que de son regard et de son ton de voix. Sur le fil du rasoir, la prestation est incroyable. 

  "You make your own luck."

Pas facile de reprendre un rôle écrit pour quelqu'un d'autre dans un blockbuster adapté d'une bande-dessinée ultra-populaire. Maggie Gyllenhaal en fait l'expérience dans THE DARK KNIGHT. Elle succède ainsi à Katie Holmes (absente pour cause de scientologie aïgue) dans la peau de Rachel Dawes, femme de loi au centre d'un triangle amoureux avec Bruce Wayne/Batman et Harvey Dent. Une femme forte et idéaliste qui se bat avec son cerveau et qui tente de faire le tri dans ses sentiments sans se perdre en chemin. Un rôle idéal pour l'actrice. Elle base son interprétation sur celle de Holmes puis elle prend ses marques, scène après scène, façonnant une Rachel Dawes plus solide, plus ... femme. Sa silhouette et sa gestuelle l'éloignent de l'image de femme-enfant que trimballait le personnage dans BATMAN BEGINS. Scellant la tragédie du dernier acte, sa dernière scène est bigrement émouvante.

"Oh, I made a lot of mistakes. I'm just trying not to make 'em twice."

De la jeune carrière de Maggie Gyllenhaal, s'il fallait à l'auteur de ces lignes ne retenir qu'un seul rôle, ce serait sans doute celui-ci. Son couple, condamné d'avance à l'échec, avec le chanteur de country alcoolique incarné par l'immense Jeff Bridges est le coeur (fragile) de CRAZY HEART, drame musical de haute volée signé Scott Cooper, acteur reconverti dans la réalisation (LES BRASIERS DE LA COLERE et le très alléchant BLACK MASS avec Johnny Depp chauve). Journaliste et mère divorcée, Jean Craddock est un personnage qui témoigne de l'instinct très sûr avec lequel Maggie Gyllenhaal sait faire exister une femme ordinaire sans en faire des caisses. Les oscars ne s'y sont pas trompés en la récompensant d'une nomination on ne peut plus justifiée.

Alan Wilson 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire