Blog cinéma d'utilité publique

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dimanche 12 juillet 2015

MAN OF STEEL (2013)

Réalisateur : Zack Snyder.
Scénario : David S. Goyer, d'après une histoire de David S. Goyer et Christopher Nolan.
Directeur de la photographie : Amir Mokri.
Musique : Hans Zimmer.
Avec Henry Cavill, Diane Lane, Amy Adams, Kevin Costner, Russell Crowe, Michael Shannon, Laurence Fishburne, Christopher Meloni, ...
Etats-Unis - Couleur - 143 minutes.




(Demi) Dieu ?

Et si la nouvelle bande-annonce, dévoilée il y a peu au Comic Con de San Diego, de BATMAN V SUPERMAN - DAWN OF JUSTICE, rencontre pétaradante et tant attendue entre le croisé à la cape de Gotham City et le dernier fils de Krypton, nous offrait l'occasion rêvée de revenir un instant sur MAN OF STEEL, le précédent effort de Zack Snyder ? Histoire de s'offrir un nouvel avis, à tête reposée, sur un film qui a conquis le box-office mais qui a aussi beaucoup divisé, tant la critique que le public.
Engager David S. Goyer et Christopher Nolan aux côtés de Zack Snyder était pour Warner et DC Comics la garantie de conserver le ton sombre et réaliste d'une trilogie Batman qui aura rapporté des milliards de dollars. Une caution bien plus rassurante que les derniers films (WATCHMEN et SUCKER PUNCH) - boudés par le public - de Zack Snyder, supposément réduit à une tâche d’exécutant. Ironie du sort, les plus gros défauts de ce MAN OF STEEL sont largement imputables aux duettistes de THE DARK KNIGHT tandis que ses (immenses) qualités sont le témoin de l'incroyable vitalité d'un Zack Snyder en pleine possession de ses moyens. Comme le classique de Richard Donner de 1978, MAN OF STEEL s'ouvre sur les derniers jours de Krypton, une planète opulente mais condamnée où les idéologies de Jor-El et du général Zod s'affrontent. Ce premier quart d'heure offre un spectacle d'une ampleur titanesque où science-fiction et fantasy se mêlent avec la même virtuosité que dans AVATAR. Quinze minutes seulement et Snyder prouve qu'il est l'égal d'un James Cameron. C'est après que les choses se gâtent (un peu). Alors que la capsule du nourisson Kal-El, rescapé de l'apocalypse de Krypton est sur le point de s'écraser dans les champs de Smallville, à quelques encablures de la ferme Kent, une coupe brutale nous projette une bonne trentaine d'années plus tard alors que Kal-El/Clark Kent parcourt le monde, broyant du noir et sauvant des gens dans un total anonymat. Maladroite, l'ellipse amorce une narration totalement inadaptée, opérant de nombreux va et vient entre le présent et la jeunesse du super-héros jusqu'à la moitié du deuxième acte. Sans trop se fouler, Goyer applique à MAN OF STEEL la méthode employée dans BATMAN BEGINS. Mais la greffe ne prend pas. Si une narration éclatée convient parfaitement à l'esprit tourmentée d'un Bruce Wayne hésitant sans arrête entre vengeance et justice, il n'en va pas forcément de même pour Superman. Il est donc difficile, dans un premier temps, de s'attacher à un héros dont le dilemme principal (s'intégrer dans la société humaine, pas à pas) perd toute cohésion. Surtout lorsque les flash-backs en question, montés à toute vitesse, ne s'offre aucune respiration et en vienne à sacrifier quelque peu le personnage essentiel de Jonathan Kent, père adoptif de Kal-El et mentor. Si l'interprétation impeccable de Kevin Costner sauve les meubles, produisant in extremis l'émotion nécessaire, les regrets sont tout de même de mise. Narration et montage. Deux gros points noirs qu'un cut alternatif, plus aéré, moins elliptique et linéaire suffirait pourtant à gommer. 
Mais, si l'on fait fi de ces défauts et que l'on s'adonne à un ou deux visionnages supplémentaires, alors le métrage de Snyder dévoile de véritables trésors de cinéma. Abandonnant les ralentis hypnotiques et iconiques de ses précédents films, Snyder filme le plus souvent l'action caméra à l'épaule avec une maîtrise du procédé qui n'a rien à envier à un William Friedkin ou un John McTiernan. Le tout avec la même science du cadre démontrée dans 300 ou WATCHMEN. Lisibles et ultra-dynamiques, les nombreux morceaux de bravoure de MAN OF STEEL sollicitent tous les sens du spectateur, à des années lumières des cinématiques désincarnées (et désormais lassantes) des productions Marvel. Bien que très critiqué pour ses destructions massives à répétition, le climax se montre exemplaire à tous les niveaux en combinant action et émotion, jusqu'à culminer dans un meurtre de sang-froid déchirant et culotté dans le contexte d'une telle production mais aussi totalement justifié (comment faire ressentir le profond dégoût de ce super-héros pour le meurtre sans qu'il s'y confronte lui-même ?). 
En plus de briller dans sa mise en image, Snyder continue également de démontrer ses aptitudes de directeur d'acteurs en obtenant de son casting des prestations impeccables. Si Henry Cavill et Amy Adams redonnent un nouveau souffle au couple Superman/Lois Lane malgré un montage qui, encore une fois, étouffe un peu leurs scènes communes, ce sont essentiellement Michael Shannon et Christopher Meloni qui se taillent la part du lion et marquent les esprits. Le premier balaie totalement le Zod mégalo et condescendant de Terence Stamp pour offrir une partition plus riche, incandescente, à vif (son "I WILL FIND HIM" vindicatif répété chaque fois plus fort au visage de la mère de Superman est mémorable). Le second, dans un rôle de militaire teigneux à priori générique, révèle un charisme en acier trempé encore trop peu exploité sur grand écran. Sa querelle avec la kryptonienne Faora est l'une des sous-intrigues les plus réussies de ce MAN OF STEEL.
MAN OF STEEL est bien plus qu'un film de super-héros lambda, un blockbuster de plus. Si Goyer et Nolan apparaissent comme des boulets aux pieds de Zack Snyder, ce dernier fait bien plus que de servir la soupe à un genre super-héroïque bientôt à saturation. Il fait son cinéma à lui et n'hésite pas à bousculer les codes du genre en risquant de se mettre les geeks et autres gardiens du temple à dos. C'est SON Superman et il nous en offre SA vision, pas (totalement) le produit d'une réunion marketing. L'effort est plus qu'à saluer. Il est à chérir.

Alan Wilson.

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