Blog cinéma d'utilité publique

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samedi 27 juin 2015

JAMES BOND CONTRE LE DR NO (1962)

Titre original : Dr No.
Réalisateur : Terence Young.
Scénario : Richard Maibaum, Johanna Harwood, Berkely Mather, d'après le roman de Ian Fleming.
Directeur de la photographie : Ted Moore.
Musique : Monty Norman.
Avec Sean Connery, Ursula Andress, Joseph Wiseman, Jack Lord, Bernard Lee, ...
Royaume-Uni - Couleurs - 109 minutes.



Dans le jardin du bien et du mâle.

Alors que les héros les plus populaires du 7ème Art ne cessent de renaître, témoignant de leur vitalité (financière autant qu'artistique) au travers d'innombrables séquelles, préquelles, reboots, remakes et autres, il est toujours sain d'effectuer un retour en arrière, de remonter à la source. C'est d'autant plus vrai dans le cas de James Bond 007, l'éternel espion au service secret de Sa Majesté. Loin de la sinistrose actuel, ce premier épisode humble, solaire et dynamique est un véritable bain de jouvence ainsi qu'une belle démonstration en subversion discrète.
Sous des atours de série B élégante et dynamique, ce DR NO ne s'embarasse guère de la chevalerie des héros d'antan. James Bond n'est pas un gentleman. C'est une brute. Sophistiquée, certes, mais une brute tout de même. Et un assassin de sang froid, prêt à mener sa mission sans se soucier de la morale ou de la galanterie. Si, pour éviter de s'alliéner le grand public, le personnage est nettement adouci dans son passage du livre à l'écran, il n'en représente pas moins une fracture brutale avec les héros propres sur eux d'alors. Il est ni un anti-héros de polar noir, ni un boyscout sans peur et sans reproches. Il boit et maltraite les femmes et ça ne lui pose aucun problème de conscience. Avec un personnage de la sorte, le casting est essentiel. Et Sean Connery fut la trouvaille idéale. Une pillule poilue mais incroyablement facile à avaler. L'acteur écossais, pas encore star, fait preuve d'un charisme, d'une autorité et d'une aisance indiscutable. Aussi crédible en tueur redoutable, qu'en séducteur irrésistible ou qu'en fonctionnaire zélé de Sa Majesté. Une sacré performance.
La mise en scène de Terence Young est tout aussi admirable. Avec une apparente simplicité, et la complicité de son monteur Peter R. Hunt (futur réalisateur du mal aimé mais pourtant génial AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTE, seule aventure bondienne de George Lazenby), Young impose un style proche de la bande-dessinée filmée. Les cadrages iconiques et soignés se succèdent à une belle allure et les scènes d'actions sont soudaines et sèches. Les couleurs vives des costumes, des décors et des éclairages font baigner le film dans un sentiment de surréalisme pop agréable et, surtout, jamais ostentatoire. Une belle leçon d'équilibrisme et de formalisme.
Encore éloignée des gros budgets à venir, ce premier épisode évite d'en faire les caisses misant beaucoup sur une intrigue simple mais efficace. Terence Young ne charge pas la mule et fonce vers la ligne d'arrivée sans négliger de mettre en valeur son casting et ses décors naturels (la Jamaïque).  Revoir JAMES BOND CONTRE DR NO aujourd'hui, c'est un peu assister à la naissance du blockbuster moderne. Sans le cynisme et les caches-misères à cent million de dollars.

Alan Wilson.   

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