Blog cinéma d'utilité publique

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jeudi 10 août 2017

LOCKE (2013)

Réalisateur : Steven Knight.
Scénario : Steven Knight.
Directeur de la photographie : Haris Zambarloukos.
Musique : Dickon Hinchliffe.
Avec Tom Hardy, et les voix de Ruth Wilson, Olivia Colman, Andrew Scott, Ben Daniels, Tom Holland, ...
Grande-Bretagne/Etats-Unis - Couleur - 85 minutes.


"Merde, j'ai oublié ma compil Francis Cabrel." (Ivan Locke)




Fury Road

Et hop, encore un film concept. Soit LE genre casse-gueule par excellence, pour peu que l'égo passe avant la rigueur. Par chance, le réalisateur et scénariste Steven Knight ne ressemble en rien à un petit malin bouffi d'autosatisfaction. Ce serait même plutôt le contraire.
Si Phone Game (Colin dans une cabine - tiens, ça rime !) et Buried (Ryan dans une cabane, euh, pardon, dans un cercueil), similaires dans leur concept de huis-clos en solitaire, usaient de la mécanique du thriller pour garantir une tension constante, Locke emprunte pour sa part le chemin nettement plus théâtral du drame intimiste. Soit le risque d'assommer le spectateur avec des tunnels de dialogues pour seul moteur narratif. D'autant plus qu'à l'exception d'une poignée de plans, la caméra ne quitte jamais l'habitacle de la voiture où Ivan Locke, triste héros de cette histoire si simple, voit sa vie lui échapper, kilomètre après kilomètre, coup de fil après coup de fil.
Pragmatique, Steven Knight s'assure de garder le spectateur éveillé et captivé en évitant de trop en faire ou de s'égarer. Si le trajet qu'effectue le personnage principal est sensé durer deux heures, le montage contourne la sensation de "temps réel" par des ellipses aussi discrètes qu'efficaces et ramène le film en dessous d'1h30, générique compris. Pas de gras, pas de redondances. Autre atout majeur dans la manche du cinéaste, son scénario. L'intrigue est aussi limpide que linéaire. Une décision, une destination, des conséquences multiples. Qu'il soit confronté à sa femme, son fils, son patron, son collègue de travail ou sa compagne d'un soir et mère en devenir d'un enfant inattendu, Ivan Locke s'échine à résoudre les problèmes qui lui tombent sur le coin de la gueule les uns après les autres. A contrario de Phone Game ou Buried, déjà cités plus haut et où l'enjeu était unique (survivre), Locke créé de multiples sous-intrigues et relance l'intérêt en permanence. Steven Knight se permet même des interludes sous forme de monologues dont on imagine qu'ils prennent place dans l'esprit en surchauffe du personnage principal. Des fondations solides mais qui ne serviraient à rien sans un interprète solide pour porter le film sur ses épaules. Le temps est donc venu de parler de Tom Hardy.
Entre de mauvaises mains, Ivan Locke apparaîtrait bien vite pour un salaud, mari infidèle et ouvrier monomaniaque. Seul en scène (ou presque), brillant et magnétique de bout en bout, Tom Hardy opte pour des choix nuancés. Souvent sollicité pour son charisme brut et son jeu physique, l'acteur londonien se concentre ici, pour l'essentiel, sur sa voix et son accent (oubliez la version française donc). Il fait d'Ivan Locke un gallois, calme et déterminé et qui ne fend pas l'armure facilement. Un homme avec des principes et qui n'a de cesse de vouloir guérir les cicatrices du passé. Un homme fondamentalement bon et qui va accepte de payer sans broncher pour l'erreur qu'il a commis. Impossible de décrocher de Tom Hardy dont le talent résiste à une photo assez dégueulasse et inconfortable, blafarde, trouble et surchargée de reflets disgracieux, unique défaut d'un long-métrage solide et émouvant.

Alan Wilson        















































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